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Par méconnaissance ou par manque d’intérêt, le public sous-estime parfois le rôle du bassiste dans un groupe de musique. Il ignore aussi les qualités dont il doit disposer. Pourtant, ce musicien complet est une véritable courroie de transmission au sein de sa formation musicale, entre souci de rigueur rythmique et créativité mélodique.
Quel est le rôle du bassiste dans un groupe de musique ?
Le bassiste est un pilier rythmique…
Si le bassiste débutant ne devait retenir qu’une chose, ce serait ceci : son instrument est avant tout un instrument rythmique. Avant de jouer les virtuoses, il va devoir apprendre à être carré. Très carré. Abusivement carré, même. Parce que la moindre approximation rythmique aura des conséquences fâcheuses.
Le rôle du bassiste dans un groupe de musique est de convertir en une succession de notes les coups de grosse caisse délivrés par son batteur. Une note par coup pour démarrer. Une note sur certains coups – judicieusement choisis – ou entre les coups quand il maîtrise.
Cela nécessite chez le joueur de basse électrique une régularité de métronome, dont il ne devra s’écarter sous aucun prétexte, quitte à travailler avec sobriété. John Deacon, Mike Porcaro ou Colin Greenwood sont presque inconnus du grand public ; ils ont pourtant fait un travail remarquable. Et si certains bassistes sont devenus des bêtes de scène (Flea, Bootsy Collins, Lemmy Kilmister…), ce ne fut jamais au détriment de la rigueur de jeu.
… qui assure le fondement de la mélodie
Le bassiste est rarement le leader de sa formation (citons tout de même Marcus Miller ou Jaco Pastorius, par exemple). Il est néanmoins, dans la logique temporelle de la création musicale, la premier instrument mélodique à entrer en jeu, juste après la batterie. Cela veut dire qu’il crée le soubassement mélodique sur lequel les autres musiciens poseront leur jeu.
La guitare basse est un instrument par essence monochromatique, qui ne produit en général qu’une seule note à la fois.
Un certain nombre d’instrumentistes (guitares, claviers, accordéons…) jouent des notes par grappes simultanées de trois ou quatre, bien assorties autour d’une principale, aussi appelée fondamentale. On appelle ces grappes des accords, et il en est généralement un par mesure (l’unité temporelle de structuration du morceau). Le bassiste, lui, va confectionner une guirlande décorative monochromatique autour de chacun de ces accords. On appelle cette guirlande une ligne de basse.
Un bon bassiste produira des lignes raffinées, riches de plusieurs notes différentes pour chaque accord (dont sa fondamentale, toujours). Un bassiste débutant se contentera de lignes simples, en ne jouant par exemple que la seule fondamentale sur chacun des accords. Mais jamais il n’oubliera les règles du solfège.
Le bassiste : la courroie de transmission du groupe de musique
En somme, le bassiste est la courroie de transmission du groupe de musique. Celle qui convertit les bonnes intentions du batteur en une feuille de route pour les autres instrumentistes mélodiques. Sans lui, les uns et les autres seraient orphelins. Et le public non plus, ne s’y retrouverait pas : sans bassiste, pas de Jamiroquai, ni d’Earth Wind and Fire, ni encore de Red Hot Chili Peppers.
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Quelles qualités pour être bassiste dans un groupe de musique ?
J’ai laissé entendre en première partie de cet article que si le bassiste ne devait disposer que d’une seule qualité, ce serait celle d’être infaillible rythmiquement. Mais en réalité, la précision rythmique n’est que l’heureuse conjonction d’un certain nombre de facteurs, parmi lesquels la capacité à intérioriser le tempo, la culture musicale, le souci du détail et la faculté à communiquer avec les autres musiciens.
1- Savoir intérioriser le tempo
Respecter le tempo signifie être capable de jouer ses notes avec une régularité de métronome. Tout cela est une affaire de millièmes de secondes, ce qui veut dire que le bon bassiste ne se contente pas d’attendre un signal extérieur (la grosse caisse) pour se décider à jouer sa note ; il serait dans ce cas immanquablement en retard.
En réalité, le bassiste doit donc être capable d’intérioriser le tempo et de le respecter sans l’appui de la batterie, qui peut parfois faire des breaks.
Le respect du tempo est une qualité commune à toutes les personnes qui agissent en cadence (travail à la chaîne, gestes d’artisans, entraînements sportifs…) et qui, sans elle, s’épuiseraient à sans cesse vérifier qu’elles font les choses comme il faut. La question est néanmoins de savoir si cette qualité relève de l’inné ou de l’acquis…
Pour savoir si vous disposez de cette qualité, repérez le tempo sur une musique de votre choix, frappez-le puis coupez le son quelques secondes. Si vous êtes toujours sur le bon tempo quand vous remettez le son, c’est que les choses sont bien engagées pour vous.
2- Disposer d’une bonne culture musicale
Respecter le tempo ne suffit pas à faire un bon bassiste. Il faut aussi que l’aspirant musicien dispose d’une culture musicale étendue, qui lui permettra de connaître – et reproduire – une grande variété de schémas rythmiques.
En effet, toutes les musiques respectent des codes identifiables à la première écoute et qu’il est important de connaître.
Cette culture musicale permet au bassiste d’anticiper les choses au cours de sa séance de jeu. Il devient par exemple capable de prévoir les breaks, les syncopes, les fioritures rythmiques…
Quelqu’un qui ne connaît que la musique rock aura par exemple toutes les peines du monde à s’adapter naturellement aux exigences rythmiques de la musique reggae. Il devra tendre l’oreille à chaque instant, ce qui nuira bien entendu à la fluidité et à la qualité de son jeu.
Aussi, je conseille aux apprentis bassistes d’écouter de la musique, encore et encore, dans des styles variés (jazz, blues, rock, disco, funk, reggae, pop, folk…).
3- Avoir le souci du détail
Certaines musiques s’appuient sur des motifs rythmiques simples. D’autres, par contre, ont pour soubassement des rythmiques beaucoup plus subtiles, avec des subdivisions qui vont parfois jusqu’à la triple croche !
Pour progresser dans son jeu, le bassiste doit absolument avoir le souci d’analyser la rythmique jusqu’à ce niveau de détail. Par conséquent, il devra répéter inlassablement les passages délicats des musiques qu’il joue, sous peine de rester dramatiquement approximatif dans son accompagnement.
Beaucoup d’aspirants bassistes viennent à l’instrument pour reproduire les lignes de basse funky, disco ou jazzy des plus grands. Mais il est absolument vain d’espérer y parvenir sans cette qualité primordiale de minutie dans les ajustements les plus infimes. Et si tout le monde ne pourra évidemment pas devenir les nouveaux Jaco Pastorius, Stuart Zender ou John Entwistle, il est primordial d’élever son niveau d’exigence et de s’éloigner du schéma basique des « quatre fondamentales par mesure ». Jusqu’à même intégrer des techniques complémentaires (slap, tapping, harmoniques, bends, hammer-on et pull-off, jeu au médiator…).
4- Communiquer avec les autres musiciens
J’ai dit plus haut que le bassiste occupait un rôle de courroie de transmission entre les instruments rythmiques et mélodiques. Cela signifie en retour qu’il va devoir s’assurer en permanence que les uns et les autres restent en contact musicalement.
Ainsi, le bassiste pourra par exemple faire comprendre au batteur qu’il a légèrement augmenté le tempo depuis l’annonce du couplet numéro 2 et l’inviter à rectifier le tir. Il pourra aussi rappeler au guitariste lead qu’après le prochain refrain interviendra la fioriture rythmique qu’ils ont mis tant de temps à caler en répétition. Ou encore, il devra informer le batteur que le chanteur a demandé la fin d’une partie instrumentale qui commençait à s’éterniser, et convenir avec lui de la mesure sur laquelle il reprendront le thème d’origine.
Évidemment, il ne pourra faire cela qu’à l’impérieuse condition de rester en contact visuel avec ses partenaires de jeu.
Cela veut dire que le bassiste n’est pas – et ne sera jamais – ce musicien relégué en bord de scène et qui tricote en solo une ligne de basse les yeux fermés ou le regard tourné vers son ampli.
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Outre ces qualités musicales, tout bassiste qui se respecte devra idéalement disposer d’un certain nombre de savoir-être, au rang desquels le sens des responsabilités et la capacité à se mettre au service d’autrui (comme un rédacteur web, tout-à-fait ;-)).
5- Avoir le sens des responsabilités
On ne le répétera jamais assez : le bassiste ne peut en aucun cas être le guitariste vaguement raté que l’on place là faute de meilleure solution. Il est au contraire un musicien qui a les reins assez solides pour faire le lien entre deux univers à priori éloignés : la section rythmique et la section mélodique.
Aussi, il doit avoir de l’autorité et une grande confiance en lui. Car c’est d’abord vers lui que se tourneront les autres musiciens en cas de désordre musical. Il est responsable de la bonne tenue de l’ensemble et est chargé de la production de ce supplément d’âme que l’on appelle le groove et dont le public est si friand.
6- Savoir se mettre au service des autres
Je n’ai jusqu’ici dit quasiment qu’une seule chose : le rôle du bassiste dans un groupe de musique est d’assurer la bonne articulation entre instruments rythmiques et mélodiques. Le bassiste de talent fera de cette articulation une œuvre d’art mais une articulation reste une articulation et, la plupart du temps, il devra laisser au chanteur ou au guitariste lead le loisir d’être la partie émergée de l’iceberg créatif. Ainsi, même s’il est dépositaire du fameux groove, il doit tolérer que le public attribue la paternité de ce dernier à d’autres que lui.
Le bassiste pâtit d’une autre réalité : les cordes de son instrument produisent des sons graves, pas toujours perçus par les auditeurs peu habitués. En concert, le public non averti pourra être même gêné par les vibrations – parfois désagréables – perceptibles à hauteur de sternum.
Ainsi, par le fait d’une triste réalité physiologique, le bassiste doit consentir à ne pas être bien entendu ou apprécié par une partie du public.
En somme, la nature de son instrument et sa position au sein du groupe condamnent la plupart du temps le bassiste à un relatif anonymat auprès du public. Alors il doit trouver son plaisir ailleurs. Par exemple dans le fait de se mettre au service du collectif.
Aussi, le rôle du bassiste dans un groupe de musique n’est pas foncièrement de se mettre en avant ni d’être un virtuose. Il est simplement d’être certain et fier que dans le fond, une bonne partie de la magie musicale repose sur lui.
2 réponses à “Rôle et qualités indispensables du bassiste dans un groupe de musique”
C’est ce qu’on appelle un article de valeur.
J’ai adoré le lire et apprendre de nouvelles informations tout autant que retrouver celles qui sont importantes à noter pour les amateurs-ices (merci Carol Kaye, une des meilleure bassiste du monde)
Le son de la bass est essentiel dans un groupe, comme le cœur du groupe qui bat…
Un bon reggae sans bass n’existe pas, tout comme un bon son funck, soul, jazz ou rock…
Merci pour ce bon moment à lire cet article qualitatif.
Merci pour votre commentaire.
J’aurais aussi pu citer Gail Ann Dorsey ou Nicole Fiorentino, entre nombreux autres. La liste des bassistes de talent est presque infinie, en réalité…